L'éland de Derby  (Tragelaphus derbianus) est l'antilope la plus grande du monde. Son sous-espece occidentaleest entre des animaux les plus menacés au monde. Ses effectifs sont extrêmement faibles, au seuil de la viabilité à long terme, dans toute son aire de répartition initiale, en raison de la perte d'habitat, de la compétition avec le bétail et du braconnage. L'éland de Derby occidental est maintenant classé comme gravement menacé par la liste des espèces en péril de l'UICN et ne survit que dans le parc national Niokolo Koba au Sénégal.

L'éland de Derby est au bord de l'extiction malgré sa taille et son l'air imprésionnant. Nous visons à fournir les capacités pour sa conservation efficace et nous utilisons son histoire pour promouvoir la conservation de l'ensemble de l'écosystème, en empêchant d'autres espèces d'antilopes de la savane ouest et centrafricaine d'avoir les mêmes problèmes. 

L'HISTOIRE DE L'ELAND DE DERBY

L'éland de Derby, ensemble avec l'éland commun ou éland du Cap (Tragelaphus oryx, Pallas 1766) appartient aux plus grandes antilopes du monde. Les mâles peuvent avoir jusqu'à 180 cm au garrot, les femelles sont plus petites, environ 150 cm au garrot. La longueur du corps peut atteindre 220 à 290 cm, les mâles pèsent entre 450 et 907 kg et les femelles environ 440 kg. Les deux sexes ont des cornes tordues, qui peuvent croître de 80 à 123 cm en longueur, étant plus robustes chez les mâles.

L'éland de Derby (Tragelaphus derbianus) a deux sous-espèces, dont la répartition et les niveaux de menace diffèrent.

L'éland de Derby oriental (Tragelaphus derbianus gigas, Heuglin, 1863) a été initialement distribué dans la région de Nigéria. Cameroun, Tchad, République centrafricaine et République démocratique du Congo (Zair) au Soudan et en Ouganda. On trouve actuellement cette sous-espèce au Cameroun, en République centrafricaine et au Soudan du Sud. L´éland de Derby oriental est classé comme vulnérable. La chasse sportive (trophy hunting) est toujour aperçue de jouer son rôle dans sa conservation et plusieurs dizaines d'animaux sont élevés dans les zoos en Amérique du Nord et aux Émirates.

L´éland de Derby occidental (Tragelaphus derbianus derbianus, Gray, 1847) ne se trouve que dans le Parc national Niokolo Koba, dans le sud-est du Sénégal, et son nombre est extrêmement faible - il reste probablement moins de 200 animaux. Les réserves de Bandia et de Fathala, dans l'ouest du Sénégal, ont également une population de plus de 100 individus en semi-captivité. L'éland de Derby occidental est l'une des plus grands antilopes du monde et l'une des espèces les plus gravement menacées de notre planète. 

Au début du XXe siècle, la sous-espèce occidentale de l'éland de Derby était répartie au Sénégal. Gambie, Guinée-Bissau, Mali, Sierra Leone, République de Côte d'Ivoire, Togo et Ghana. En 1990, l'éland de Derby occidental comptait environ 1000 animaux, dont la majorité vivaient dans le Parc national Niokolo Koba au Sénégal et dans la région de Falémé. D'après les estimations actuelles, il reste entre 100 et 200 animaux qui vivent dans le parc national Niokolo Koba. Les raisons sont le braconnage, le pâturage du bétail, l'abattage illégal et les activités humaines.

L'éland de Derby vive dans la savane boisée sudanienne et sudanoguinéenne, un habitat trouvé au sud du Sahara, du Sénégal à l'Ouganda. Les élands sont des brouteurs, c'est-à-dire que leur nourriture se compose principalement de feuilles et de pousses d'arbres et de broussailles, dans une moindre mesure de fruits, d'herbes et de graminées. Leur spectre alimentaire est très large et peut compter plus de 30 espèces de plantes.

Alors que la sous-espèce orientale la plus abondante est élevée dans plusieurs zoos aux États-Unis d'Amérique et dans les Émirats arabes unis, la sous-espèce occidentale ne se rencontre qu'au Sénégal. En ce qui concerne le niveau de menace élevé, une reproduction semi-captive a été établie au Sénégal, sur la base de six animaux capturés dans la nature (dans le parc national Niokolo Kobe) en 2000, puis transportés dans les réserves fauniques de Bandia et de Fathala, où ils se reproduisent avec succès. Plus de 150 animaux vivent maintenant dans ces deux réserves.

L'HISTOIRE DES ANTILOPES DE L'AFRIQUE DE L'OUEST 

Saviez-vous qu'il y a d'autres espèces d'antilopes vivant dans la savane africaine occidentale et centrale, qui font face à des menaces similaires ? Nous nous efforçons d'utiliser les expériences liées a la conservation de l'éland de Derby pour éviter qu'ils ne tombent aux mêmes problèmes.

Commençons par ceux qui vivent encore dans le parc national Niokolo Koba :

  • Hippotrague (Hippotragus equinus koba) - la sous-espèce occidentale du hippotrague qui était autrefois très répandue dans l'Afrique de l'Ouest, de l'Est et Afrique australe. Actuellement, la population est en baisse et on peut observer la disparition régionale dans certaines parties de son ancienne aire de répartition. Toujours présent en bons nombres dans la plupart des parcs nationaux d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique centrale.



  • Le bubale (Alcelaphus buselaphus major) - la sous-espèce occidentale du bubale est actuellement classée comme vulnérable par l'UICN, avec une tendance à la baisse de la population. Il est possible que peu de douzaines d'entre eux sont encore présents dans le Parc national Niokolo Koba au Sénégal. Y a-t-il des centaines ou des milliers de bubales qui restent en Afrique de l'Ouest ? 
  • Guib harnaché (Tragelaphus scriptus) - une des espèces antilopes les plus communes et les plus répandues de l'Afrique, le guib est l'une de ces rares espèces que vous pouvez rencontrer en dehors des zones protégées. Etant classée parmi les pays les espece avec la préocuppation mineure par l'UICN, sa population est estimée à 1 500 000 en Afrique. Pensez-vous que c'est un bon nombre ? Ils sont encore chassés pour la nourriture, potentiellement par 1 337 383 732 habitants du continent africain (comme au 29 mai 2020). Et d'ailleurs, le guib de l'Afrique de l'Ouest est vraiment une créature jolie et colorée !
  • Kob defassa (Kobus ellipsiprymnus defassa) - le poil long et un coeur blanche au tour du museau est la première et parfois la seule chose que vous repérez. Une espèce quasi menacée selon l'UICN. Ils se reproduissent aussi bien dans les parques zoologiques européens, tout comme l'hippotrague, c'est en fait la seule espèce antilope de la savane ouest-africaine régulièrement trouvée dans les zoos.
  • Kob de Buffon (Kobus kob kob) - préocupation mineure et population en baisse, le kob du Buffon est toujours bien répresenté dans de nombreuses zones protégées de l'Afrique de l'Ouest. Le kob de Buffon dépend de l'eau et des marais et ne voyage pas trop loin. Ils tendent à s'agréger et donnent ainsi une impression qu'ils sont abondants, mais ce n'est pas toujours le cas. 
  • Oribi (Ourebia oribi) - Si vous voyez quelque chose de petit dans la savane, et s'il y a une queue noire sur celle-ci, c'est probablement l'oribi. Ils sont encore classés parmi les especes avec la préocupation mineure, mais leur tendance démographique diminue. Un des quelques petits antilopes qui osent pénétrer dans l'espace ouvert. Nous pouvons considérer qu'il est courant dans certaines parties de l'Afrique de l'Ouest, mais en Afrique australe, c'est une vraie chance les voir.
  • Redunca (Redunca redunca) - bien que cette espèce soit aussi classée comme étant la espèce avec la préocupation mineure, elle est bien moins facile à repérer ! Si vous avez de la chance, vous voyez deux d'entre eux, un male et une femelle, l'un non loin de l'autre, et pas loin de l'eau aussi. Cependant, nous ne savons pas beaucoup plus sur les bêtes qui vivent secrètement.
  • Céphalophe commun (Sylvicapra grimmia) - peut-être considéré comme l'une des espèces les plus ennuyeuses ici - est petit, commun, préocupation mineure, distribuée dans la savane boisée en toute l'Afrique. Saviez-vous qu'ils sont capables de chasser et manger un gecko ? Les céphalophes sont encore pleins de secrets, et c'est aussi le cas de celui-ci. 
  • Céphalophe à flancs rouges (Cephalophus rufilatus) - le plus petit de nos héros, un de ceux qui ont pu survivre même en dehors des zones protégées. Les céphalophes à flancs rouges savent comment et où se cacher - et comme beaucoup d'autres espèces de céphalophes, ils répondent encore d'une manière ou d'une autre aux besoins humains de la viande. Ne devons-nous pas explorer beaucoup plus de leur vie ?

Nous en avons une qui a déjà disparue du Parc national Niokolo Koba en 1920, mais qui demeure encore dans le complexe WAP, en particulier dans le Parc national de la Pendjari au Bénin

  • Korrigum (Damaliscus lunatus korrigum) - classée en danger, cette sous-espèce est en voie de disparition, pays par pays, région par région. Nous pouvons maintenant estimer à moins de 2 000 d'individus qui demeurent en Afrique de l'Ouest. Que pouvons-nous faire contre ce destin déjà accompli au Sénégal ?

Et il y a beaucoup d'autres espèces de grands mammifères qui font face à des défis pareils. Éléphants, hippopotames, lions, léopards, lycaons, cheetahs, chimpanzés, giraffe. Aidez-nous à trouver une solution afin que les antilopes de toutes tailles aient la possibilité de jouer leur rôle écologique et de demeurer un élément de cet écosystème unique pour les générations futures et pour nous tous !